Il fut un temps jadis, qu'on ne saurait dater,
Ou naquit, sous le nom de Shantia Emolwen,
Un ange blond berce d'une rare beaute,
Qui faisait la fierte et quelque fois la peine.
Tous, dans l'ombre de son charme, se prelassaient,
Inaptes qu'ils furent a lui donner autre atout,
Tous se laissaient pieger par lui et ne cessaient,
De l'implorer, tel un dieu, comme ils etaient fous.
Le jeune quende, en sus de son apparence,
Presentait une etonnante precocite :
A six mois ses pas temoignaient de sa presence,
Et a cinq mois il pouvait sa langue delier.
Ceci intriguait les uns, agacait les autres,
Mais des pensees des quendi, il n'etait absent
Chacun le venerait, le suivait en apotre,
S'y fut complut n'importe qui d'autre, et pourtant...
Des lors qu'il eut dix cycles, Shantia enfin comprit,
Que dans tout ce bourbier d'excessifs artifices
Existaient des questions dont, meme en une vie,
Personne ne pourrait dejouer le malefice.
Elles erraient partout dans les trefonds de l'esprit
S'emparaient de son ame en la soulevant
Et d'une angoisse et d'une torpeur il fut pris :
Ou d'autres avaient echoue, il se voulait gagnant.
Shantia etait trop jeune, on ne l'eût ecoute,
Il garda donc pour lui ses si profonds propos,
Essayant de mettre ses pensees de cote,
Il profita de l'enfance comme un long repos.
A quatre-vingt trois cycles, il rejoint Ulmidiel,
Alors les reponses desireux de connaitre,
Il choisit comme mentor la jolie Arhielle
Qu'il seduit, n'ayant rien perdu de son paraitre.
Leur amour fut intense, Shantia s'y devoua,
Il fut remplit de bonheur jusqu'a un matin
Ou l'atrocite, en lui, se manifesta :
Il devait trouver la verite enfin.
Il se mit a la tache, deployant ses efforts,
Il parcourut les bibliotheques et les villes,
Il fouilla les archives et fit parler les morts,
Mais rien ne lui parvint que des savoirs futils.
Abattu, il se sentit soudain prisonnier
D'un culte conformiste qui l'avait decu ;
Contre Arhielle, il decida de le quitter,
Et en meme temps, c'est sa femme qu'il perdût.
Il parcourut les contrees, afin d'y trouver
Cette lueur magique qu'ardemment il cherchait
Il deambulait, ca et la, desespere,
Et, l'air hagard, de plus en plus il s'egarait.
Son objectif fixe tournait a la folie,
Meme dans ses reves la nuit il gemissait,
Pleurait, implorait qu'on le rendit moins impie ;
Ulmidiel entendit son cri quand il priait.
Il s'adressa a lui dans cette meme langue :
"Tu as voulu te separer des brides qui
T'oppressaient dans ta si solitaire harangue
Et malgre ton si grand esprit tu n'as compris
Que celles qui te guidaient etaient la sagesse
Qu'elles te gardaient de toutes les demences
Que tu as forge toi-meme ton etroitesse
Que tu t'es confine dans ta propre souffrance.
Et maintenant, ainsi, je me dois de t'aider."
Ulmidiel sur sa tete posa une main,
Shantia, dans l'ame, vit s'ecouler la verite,
Il s'ecroula, et connut de la vie la fin..."
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